Mobb Deep - The Infamous (Loud Records)
Tracklist :
1/ The Start Of Your Ending (41st Side)
2/ The Infamous Prelude
3/ Survival Of The fittest
4/ Eye For An Eye (Your beef is mine) (ft. Nas & Raekwon)
5/ Just Step Prelude (ft. Big Noyd)
6/ Give Up the Goods (Just Step) (ft. Big Noyd)
7/ Temperature’s Rising (ft. Crystal Johnson)
8/ Up North Trip
9/ Trife Life
10/ Q.U.–Hectic
11/ Right Back At You (ft. Ghostface Killah, Raekwon & Big Noyd)
12/ The Grave Prelude
13/ Cradle To The Grave
14/ Drink Away The Pain (Situations) (ft. Q-Tip)
15/ Shook Ones Pt. II
16/ Party Over (ft. Big Noyd)
2/ The Infamous Prelude
3/ Survival Of The fittest
4/ Eye For An Eye (Your beef is mine) (ft. Nas & Raekwon)
5/ Just Step Prelude (ft. Big Noyd)
6/ Give Up the Goods (Just Step) (ft. Big Noyd)
7/ Temperature’s Rising (ft. Crystal Johnson)
8/ Up North Trip
9/ Trife Life
10/ Q.U.–Hectic
11/ Right Back At You (ft. Ghostface Killah, Raekwon & Big Noyd)
12/ The Grave Prelude
13/ Cradle To The Grave
14/ Drink Away The Pain (Situations) (ft. Q-Tip)
15/ Shook Ones Pt. II
16/ Party Over (ft. Big Noyd)
Les premières notes ne trompent pas. Le premier titre non plus : "The Start Of Your Ending". On n'est pas là pour déconner. Ça sent le souffre, l'odeur des bas-fonds et des sous-sols miteux. Mieux vaut ne pas traîner trop longtemps dans le coin sous peine de se prendre une bastos.
Ce quotidien Prodigy et Havoc nous le content avec calme, clarté, évidence. Là où beaucoup de MCs se livrent au concours de celui qui a la plus grosse, celui qui va le plus vite et arrive à débiter le plus de mots en un temps record, le duo déroule un flow posé, bien cash et nous balance du punchline comme s'il en pleuvait. À quoi bon en faire des caisses quand on peut mettre tout le monde à genoux en trois lyrics ?
D'un bout à l'autre ce disque nous tient en haleine, chaque morceau vient renforcer le sentiment que de toute façon on est pris, comme un junkie dans les filets de l'addiction. Plus le temps passe, plus la dépendance se renforce et on a besoin d'une dose supplémentaire.
Les beats tabassent, les intrus font mal, insidieuses elles s'emparent de nous sans nous laisser le temps de résister. Comme sur "Temperature's rising", entre atmosphère poisseuse qui nous laisse sur le qui-vive et respiration jazzy, on ne sait sur quel pied danser. Qu'importe, on danse.
Inutile de jouer au cacou, un morceau comme "Survival Of The Fittest" nous prend à la gorge et on suffoque. "You can run but you can't hide forever". En effet, autant se rendre à l'évidence, on a beau tenter de résister à l'assaut tant bien que mal ; au bout du compte on appuie sur repeat. Ou on écoute la suite et on encaisse. Car l'homogénéité est de mise.
Seule ombre au tableau, et ce n'est ni la première ni la dernière fois qu'on le déplore dans le hip hop, les interludes sans grand intérêt qui viennent un peu ternir le plaisir.
Mais on ne va pas chougner pour si peu. D'autant que le duo New-Yorkais est là pour resserrer l'étreinte et nous remettre le couteau sous la gorge avec des titres essentiels entourés d'invités prestigieux ("Right Back At You" avec Ghostface Killa et Raekwon du Wu, "Drink Away The Pain" avec Q-Tip, "Eye For An Eye" avec Nas et Reakwon) voire carrément mythiques ("Shook Ones Pt. II" qui, pour vous la faire courte, est un des plus grands morceaux de l'histoire du hip hop). Si l'instru de "Shook Ones Pt. II" suffit à nous hérisser les poils dès les premières secondes, les textes sont aussi là pour hisser le titre au rang de mythe. La phase "I'm only nineteen but my mind is old" a d'ailleurs été samplée à foison.
Avec ce deuxième album, Mobb Deep laisse une empreinte indélébile sur l'histoire du hip hop. Non content de s'appuyer sur une production aux petits oignons, de balancer 16 salves qui feront encore bouger les têtes dans 50 ans, le duo livre au passage un témoignage d'un réalisme froid et terrifiant de la vie dans le ghetto New-Yorkais.
Débordant de classiques, The Infamous fait partie de ces disques qui font la légende d'un groupe et dans ce cas précis d'un genre tout entier. À classer aux côtés d'Enter The 36 Chambers du Wu-Tang et du Illmatic de Nas, au panthéon du rap East Coast. Difficile de passer une soirée hip hop sans entendre un morceau de cet album, impossible de parler hip hop avec un connaisseur sans que Mobb Deep n'arrive sur le tapis. Le disque orne, bien évidemment, les discothèques de tout amateur de rap qui se respecte. Quant aux réfractaires au genre, un jour ou l'autre il faut franchir le pas. Ne serait-ce que pour mourir moins con.
JL