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Led Zeppelin (discographie)

 

 



 

Led Zeppelin, trajectoire d’un groupe légendaire.
Dire qu’il y a déjà quelques semaines, ce superbe site dédié notamment à la musique Rock sous toutes ses expressions, du stoner au punk, en passant par le garage, le blues, le classic, la pop, le reggae, et j’en passe a soufflé sa première bougie, et J’HALLUCINE rien ou presque sur LED ZEPPELIN !


Le Zep quoi les mecs ! Il y en a quelques uns qui suivent ou pas ? Pour rappel ou information (mais là c’est pour les cas désespérés), Led Zeppelin est souvent cité comme le plus grand groupe des années 70. Précurseur du rock lourd (Hard Rock puis Heavy Metal) qui a inspiré nombre de rejetons depuis des décennies. Led Zep est à l’orée des années 70, l’un des ambassadeurs de ce type de musique avec d’autres groupes britanniques comme Deep Purple et Black Sabbath.
Mais pas uniquement, et c’est là que Led Zep sort nettement du lot.

 

Jimmy Page, le guitar hero de service, a déjà sévi de nombreuses années en studio, c’est l’un des musiciens les plus demandés du Swinging London. Engagé au sein des Yardbirds pour devenir la seconde gâchette derrière Jeff Beck, il va prendre rapidement les commandes du groupe, après la défection de celui-ci, problème d’ego entre les deux as de la six-cordes. En 1968, le groupe explose et Jimmy Page désormais seul maître à bord le rebaptise The New Yardbirds.

John Paul Jones, avec lequel il a déjà joué en studio le contacte pour intégrer le groupe, il tiendra la basse et les claviers. Page veut enrôler Terry Reid au chant, qui décline mais lui recommande un jeune chanteur nommé Robert Plant. Page va l’écouter en concert (il tourne alors avec son propre groupe The Band Of Joy), il est totalement enthousiasmé et le convainc de rejoindre l’aventure. Ne manque plus que le batteur.

Plant connait John Bonham, qu’il a connu au sein de Band Of Joy. Bonham est un type surdoué qui est prêt à s’engager dans le groupe de Joe Cocker à cette époque, il finit par accepter de faire un essai avec les autres. Lors de cet essai, le constat est immédiat, l’alchimie est totale. Bingo, le groupe est né, il deviendra très vite Led Zeppelin pour ne plus trainer comme une casserole une référence aux Yardbirds. La légende est en marche, rien ne l’arrêtera plus, sauf la mort d’un de ses membres.


Les caractéristiques du son de Led Zeppelin sont, d’une part la virtuosité des quatre larrons, bien entendu Page qui balançait riffs et solos à tout dézinguer, Jones aussi à l’aise basse en main qu’aux claviers, Bonham à la force de frappe phénoménale, le Vulcain du Rock, et au groove fabuleux, et Plant au chant d’une grande puissance, chaud et sexy. Ils se sont trouvés et vont écrire la légende en publiant en une décennie une giclée d’albums prodigieux, en tournant sans relâche à travers le monde, livrant des sets d’une puissance sans équivalent à l’époque. Alchimie est souvent le terme qui revient pour qualifier l’entente de ces quatre musiciens, et jusqu’au milieu des années 70 ils ont mis toute la concurrence sur le carreau.


Led Zeppelin est renommé également pour ses frasques qui ont défrayé la chronique lors de leurs longues tournées, qui drainaient des armées de fans. Groupies, défonce, alcools et drogues en tous genres, chambres d’hôtel saccagées... Led Zep c’était le Cirque rock’n’roll avec un grand C !
 

 



Ce qui les démarque également des autres groupes de l’époque, c’est leurs sources d’inspiration multiples. Certes, ils ont inventé (avec d’autres) le Hard Rock et si leur premier amour c’est le blues, ils intègreront par la suite dans leur musique des styles aussi différents que le folk, le rockabilly mais s’ouvriront également à la world music (qu’on n’appelait pas encore comme cela au début des 70’s), en intégrant des sonorités indienne, arabe ou celtique.
En concert, ils livraient des prestations restées légendaires, les morceaux s’étirant dans de longues improvisations et meddley. Un concert du Zep c’était la garantie d’un long trip musical comme peu de musiciens ont offert dans le monde du Rock. Le Zep, c’était du lourd mais méchamment classe. Comme c’est période de fêtes, je vous livre ici la chronique de leurs principaux albums, et vous pouvez vous précipiter et vous offrir le lot et savourer. Fermez les yeux, on va faire un tour en ballon dirigeable.
 


Débuts foudroyants
Leur premier album, sobrement intitulé Led Zeppelin, est enregistré alors qu’ils réalisent leur première tournée britannique, en quelques heures, quelquefois en une seule prise, ce qui lui donne un son très live avec très peu d’overdubs. Ce disque paru en janvier 1969 est certes le fruit de
Jimmy Page, mais il reflète la parfaite harmonie qui rêgne sur le groupe. Disque aux influences variées qui illustre déjà la large palette des compositions de Led Zeppelin. Des sublimes ballades (qui deviendront une des marques de fabriques du groupe), avec belles parties de guitares, claviers et tablas : « Your Time Is Gonna Come », « Black Mountain Side » aux blues sensuels avec notamment deux reprises de Willie Dixon « You Shook Me » et « I Can’t Quit You Baby ». Sur la première, Plant répond coup pour coup aux riffs balancés par Page par des cris de fauve en rut. Jouissif. L’album contient également une des premières compositions de Page pour Led Zeppelin, l’extraordinaire « Dazed And Confused » qui deviendra un classique en concert, ponctuée de longues improvisation (parfois plus d’une demi-heure), Page utilisant un archet pour varier les effets sur la guitare, hallucinant de maîtrise et d’inventivité. Vous pouvez l’apprécier avec  la version contenue dans le film The Song Remains The Same.


Le disque n’oublie pas le rock pour autant : « Communication Breakdown » et « Good Times Bad Times » sont là pour le rappeler avec fureur et talent. Il s’achève sur une longue jam « How Many More Times » qui laisse la part belle aux improvisations. Premier enregistrement brut de fonderie, coup de maître qui d’entrée trouvera ses fans et placera le groupe sur la route de la légende.
 


Confirmation avec, déjà, des classiques !
À peine quelques mois plus tard (octobre 1969), paraît leur second opus. Toujours pas de titre évocateur, ils se contentent d’un Led Zeppelin II simpliste. La photo de pochette montre les quatre
musiciens incrustés dans une photo ancienne d’aviateurs, avec en fond le dirigeable (le fameux Zeppelin). Cet album les porte au sommet et les consacre plus gros vendeurs de disques à l’orée de la nouvelle décennie. Il creuse le sillon du premier album, Blues, Rock et Ballades. L’album est enregistré dans plusieurs studios, croisés sur la route de leurs concerts (à l’époque tournée non stop). Écriture spontanée, riffs de Page interprétés en concert retenus pour coller sur un titre, leur créativité est en ébullition, ce qui donne une très grande liberté sur les chansons.


L’introduction de l’album est le monumental « Whole Lotta Love » qui, comme « Dazed And Confused » deviendra un de leurs étendards en concert, sur lequel Page se lâchera totalement. Il s’agit encore d’une reprise de Willie Dixon, l’un des musiciens favoris de Page. Le disque comporte une flopée de classiques instantanés comme « Lemon Song » superbe blues de Howlin’ Wolf, relooké par Page ou « Thank You » magnifique ballade à la tonalité presque sacrée, sublimée par le jeu d’orgue de John Paul Jones. « HeartBreaker » au riff lourd et hargneux revient mettre les pendules à l’heure, Plant hurle comme si sa vie en dépendait, Jones tricote des lignes de basse sinueuses, Page balance un solo de fou dans la deuxième partie du titre et Led Zeppelin vient rappeler qu’en 1969 le Hard Rock c’est eux ! Grandiose !

« Ramble On » et « Moby Dick » enfoncent le clou. Sur « Moby Dick », Bonham se dérouille les muscles en envoyant un petit solo de batterie, je dis petit car en concert il pouvait le faire durer jusqu’à trente minutes, ce qui devait laisser du temps aux assoiffés d’aller se chercher une bière !
Dernier hommage à Willie Dixon (encore) avec ce « Bring It On Home » à l’intro très roots, voix et harmonica avant que la machine lâche les chevaux. Là on est à nouveau en territoire familier pour la fermeture de ce second album dantesque et légendaire.

 
 
Sonorités tous azymuts
Changement de registre avec leur troisième livraison, qui s’intitule, vous l’avez deviné Led Zeppelin III. La différence notable avec les deux précédents est que les chansons n’ont pas été écrites au cours d’une tournée, mais durant les vacances que se sont accordées Page et Plant après la première tournée aux USA, dans le cottage de Bron-Y-Aur qui donnera son nom à deux chansons, dont une figure sur cet album. Influences encore plus variées que sur les premiers disques, LZ III, au-delà des habituels Rock et Blues, intègre des sonorités celtes et arabisantes et laisse la part belle aux morceaux acoustiques (« Tangerine », « That’s The Way »).

 



Pour me faire mentir, le premier titre est un brûlot très Led Zep Style, salve de sulfateuse en introduction et gémissements plaintifs sur l’intro d’« Immigrant Song » au texte se référant à la mythologie nordique. Mais très vite, le  groupe s’aventure vers de nouvelles contrées, avec la première incursion dans la musique orientale sur « Friends ». Ce titre sera intégré des années plus tard sur le magnifique album de reprises jouées avec des musiciens marocains, No Quarter. Guitares sèches, percussions, mélopées arabisantes, on s’éloigne complètement des sentiers qu’ils avaient battus jusqu’alors. On s’y habituera vite car ils le feront à nouveau et avec talent. Enchaînement sur « Celebration Day », c’est une fête pour le groupe : « My my my, I’m so Happy, I'm gonna join the band, we are gonna dance and sing in celebration » !  


Sur cet album figure également un des (nombreux) classiques du groupe, la sublime « Since I’ve Been Loving You », lent blues totalement à la main de Page qui laisse là parler tout son talent, mais Plant pas en reste nous livre une prestation à la hauteur, feulements de fauve, gémissements, murmures tout y passe sur cette somptueuse ballade amoureuse. Un sommet !
On retourne la galette pour traverser des univers sonore apaisés après avoir subi la dernière attaque en règle sur « Out On The Tiler » blues/rock poisseux en diable. Cette seconde face s’ouvre sur la géniale « Gallows Pole », reprise d’une ballade traditionnelle aux influences celtes qui monte lentement pour se terminer en une gigue échevelée avec violon et percussions. Second titre aux influences traditionnelles évidentes « Bron-Y-Aur-Stomp » n’a besoin que de claquements de mains et de guitares acoustiques pour faire swinguer l’assemblée.  


Disque parenthèse dans leur encore courte, mais intense carrière (3 albums publiés en 18 mois, des centaines de concerts dans le monde), ce troisième enregistrement permet au groupe de souffler avant de déclencher l’apocalypse qui va suivre.
 


L’apogée musicale
En réponse à l’échec relatif du précédent disque, qui a surpris une partie de leurs fans et la presse musicale, surpris par la tonalité apaisée de l’album et les nombreux titres acoustiques, Led Zeppelin fait paraitre leur quatrième album en novembre 1971 sans aucun titre, ni même référence au Groupe. La photo de pochette est un mur en ruine sur lequel est accroché le tableau d’un vieillard portant un fagot de poids. Au fond apparait un paysage urbain.  

 



Rien ne laisse supposer qu’il s’agit d’un disque de Led Zeppelin. Provocation qui n’est pas du goût de tous au sein d’Atlantic. Il sera immédiatement identifié par tout le monde sous le nom de Led Zeppelin IV. Chaque musicien a choisi un symbole runique pour le représenter (ci-contre), les textes
des chansons sont inspirés du Seigneur des Anneaux de J.R.R Tolkien, dont Robert Plant est un grand admirateur.


Tout ceci contribue à apporter un supplément de mystère autour de ce disque, des voix s’élèvent pour les accuser d’occultisme, voire de satanisme, ce qui va contribuer largement à son succès et sa légende. Ce quatrième album sera leur plus gros succès et l’un des plus vendus dans toute l’histoire du Rock (plus de trente millions d’albums dans le monde à l’époque). Temps bénis où les artistes majeurs vendaient par millions.


Ouverture du bal avec l’énorme « Black Dog », qui plante le décor et rappelle à tous que le Rock lourd c’est bien eux, avant que ne s’affirment les Black Sabatth, Deep Purple et toute la vague Metal qui déferlera ensuite. « Black Dog » est une méchante invitation au sexe, sur laquelle Plant fait parler sensualité et provocation. Un classique des futures tournées. Pour ceux qui ne l’auraient pas encore deviné, « Rock’n’Roll » aux intonations rock fifties mais à la sauce LZ enfonce le clou. Plant chante divinement, Page tricote des arpèges merveilleux, basse/batterie au soutien de l’avant garde, avec Bonham absolument monstrueux. Respect, en deux titres tout le monde est KO debout.


Pause détente et superbe réussite, avec « The Battle Of  Evermore », mandolines, choeurs aériens, voix mêlées de Plant et Sandy Denny (invitée féminime de cet album) et guitares acoustiques pour chanter cette bataille qui se réfère à celle de Pellenor du Seigneur Des Anneaux.  
Et la suite, me direz-vous, et bien la suite, c’est LE morceau de Led Zeppelin, en tout cas le plus connu, cette longue envolée lyrique (bien qu’assez naïve) qu’est « Stairway To Heaven ». Encore une fois d’influence celte avec son introduction à la flute, les arpèges acoustiques, la voix cajolante de Plant qui conte cette histoire de princesse qui veut s’acheter un escalier pour monter au paradis. Le titre monte crescendo pour un grand final électrique, avec un long solo de Page. Ce titre sera un des moments magiques de tous les futurs concerts et un des grands classiques du Rock des années 70. On les a tellement bassiné avec cette chanson, quelle en est la signification etc.. que Plant dira par la suite qu’il la détestait. Pas sûr.


« Misty Mountain Hop », s’aventure sur un terrain plus funky avec de belles variations dans le chant de Plant et le groove impeccable (basse et claviers de Jones). Les monts brumeux du titre (encore tirés de l’univers de Tolkien) ainsi que les textes de la chanson sont une référence directe à la consommation de drogues. On est dans les années 70, n’oubliez pas.
S'en suivent « Four Sticks » aux influences orientales, la chouette ballade « Going To California » et enfin le superbe titre bluesy au rythme syncopé (Bonham multiplie les contretemps) « When The Levee Breaks », reprise d’une chanson de Memphis Minnie sur lequel Plant, accompagné d’un harmonica plaintif (lui-même), chante remarquablement. Ce disque est le mix idéal réussi entre l’électrique LZ II et l’acoustique LZ III. Toutes les compositions sont remarquables, Page est à l’époque omniprésent dans l’écriture, mais tous les musiciens ont contribué et cela se sent. C’est sans conteste leur meilleur album, et celui qui les consacrera dieux du Rock.

 


Pour la première fois, un titre
Après avoir tourné encore de longs mois, ils reviennent avec le nouvel album deux ans plus tard (le rythme des livraisons s’allonge), et pour la première fois l’œuvre porte un titre Houses Of The Holy. La très belle pochette intrigue encore une fois, des enfants nus escaladant d’étranges rochers baignés d’une lumière orange. La photo intérieure encore plus troublante puisqu’on voit un homme brandir un corps d’enfant devant un château en ruines comme pour un sacrifice. Ces photos alimenteront encore les chroniques de la part des mauvais coucheurs sur leurs supposées déviances, mais tout le monde s’en tape. L’essentiel est ailleurs.
   




Oreilles et cerveaux grands ouverts sur le monde musical, les musiciens intègrent encore une fois de nouvelles sonorités à leur univers sonore. Cependant, le son propre à Led Zeppelin reste présent et identifiable entre mille. Huit compositions originales, dont trois sont créditées aux quatre membres du groupe, les autres étant l’œuvre de Page et Plant.
« The Song Remains The Same », c’est toujours la même chanson chante Plant, sur un riff agressif de Jimmy Page, tandis que Bonham pousse à fond les feux de la machine. Le morceau alterne moments de pure énergie et plages de calme et ça roule à merveille. Le ton est donné pour rappeler qu’ils sont toujours au sommet et Page un guitariste exceptionnel. Led Zep a toujours mis de somptueuses ballades sur ses albums, et « The Rain Song » est à la hauteur des plus belles. Page et Jones, enveloppés d’un orchestre symphonique interprètent cette superbe mélodie à l’acoustique. Longue intro avant que Plant ne vienne chanter très sensuellement ces paroles d’amour, toutefois un peu mièvres (ne m’en veux pas Robert). Grand titre empreint de nostalgie et de romantisme sur lequel Plant s’en sort à merveille.


Sur « Over The Hills And Far Away », ce sont encore des guitares acoustiques (Page et Jones) qui préparent le terrain pour Robert Plant, « you got so much, so much, so much » et l’orage éclate, porté encore une fois par le duo Bonham/Jones. Quelle rythmique de folie. Les grands morceaux s’enchainent avec les funky « The Crunge » et « Dancing Days » qui démontrent une fois encore leur capacité à sortir du cadre. Sur « The Crunge » Plant chante d’une voix nasillarde « Excuse me, will you excuse me, I'm just tryin' to find the bridge » en référence évidente au « Sex Machine » de James Brown. Essai transformé. Mais pour ces musiciens géniaux qu’est-ce qui était vraiment hors de portée ?


Le titre suivant est encore plus surprenant, reggae style sur ce « Dyer Maker » qui, à l’époque a dérouté pas mal de fans et sur lequel Bonham joue tout en contretemps. Ils ont évidemment dû écouté pas mal de reggae en 1973 (premiers albums de Marley notamment). Le sommet de cet album est sans conteste « No Quarter » qui est l’un des plus grands morceaux de Led Zeppelin. Sonorités étranges et envoûtantes qui semblent émerger d’un univers marin sur l’introduction aux claviers de John Paul Jones (qui assure la magie de ce titre), la voix de Plant totalement noyée dans la réverb chante « they hold no quarter ». Pas de quartier, c’est ce qu'assène également la guitare de Page qui vrombit telle une machine de guerre. Morceau sublime démontrant une fois de plus le génie de ce groupe hors du commun. On n’est plus dans le Hard Rock, ni le Blues, mais à cette époque de grande créativité, aucune limite. Immense morceau de Led Zep et joyau du Rock tout court.

 


Le coup du double album
Après Houses Of The Holy, ils enchaîneront avec une tournée encore une fois gigantesque et dantesque, laissant Plant avec les cordes vocales déglinguées. En 1975 paraît un nouvel album, double cette fois-ci, sur leur propre maison de disques Swan Songs Records, créée après avoir quitté Atlantic. Physical Graffiti fera un carton phénoménal encore une fois. Il comporte des chutes de studio des précédents enregistrements, notamment celui de LZ III et IV, ainsi que huit titres écrits durant l’année 1974.
Ce disque, même s’il contient de nombreux titres hargneux : « Custard Pie », « The Rover », ou « Houses Of The Holy » (enregistré durant les sessions du précédent mais laissé de côté), laisse la
part belle aux longues envolées blues, notamment le fantastique « In My Time Of Dying » (11 minutes), tiré d’une chanson de Blind Willie Johnson. Le sujet abordé est suffisamment grave pour trancher avec l’habituel répertoire de Led Zep. La mort et la prière adressée au divin. Pas leur style habituellement, mais ce titre prémonitoire sera par la suite abandonné de leur setlist, Plant se refusant à la chanter après les épreuves traversées (j’y viendrai). D’autres réussites comme ce chouette rockabilly « Boggie With Stu » enregistré avec Ian Stewart au piano qui sonne résolument vintage ou le folk « Black Country Woman ».


Quelques titres un peu foireux aussi sur ce disque. Comme les autres, Led Zep n’est pas à l’abri du cap du double album : « In The Light » et sa mélodie un peu lourdingue, « Down By The Sea » qui semble échappée d’un disque de Rod Stewart, ou « Sick Again » qui n’apporte rien à leur gloire.
Le titre majeur du disque avec « In My Time Of Dying » est bien entendu « Kashmir » aux sonorités orientales qui deviendra un de leurs classiques en concert, et fera l’objet bien plus tard d’une reprise extraordinaire sur No Quarter (album de Page et Plant) dans une version étirée de près de 15 minutes et jouée avec un orchestre de musique orientale.
Un constat : même si le disque contient de très bons titres et que le public adhère, la magie des premiers disques n’est plus là, en tout cas sur la durée, et Plant qui a souffert de son opération aux cordes vocales ne chante plus aussi bien.  
 

Déclin et tragédies
Alors que s’annonçait une tournée mondiale énorme dès l’automne1975, Robert Plant est victime d’un très grave accident de la route au mois d’août, qui le cloue dans un fauteuil pendant de longs mois, son épouse est elle-même est entre la vie et la mort pendant très longtemps. Cela va marquer considérablement le groupe qui va traverser une période assez difficile, mais trouve encore l’énergie d’enregistrer (Robert Plant enregistre toutes les voix en fauteuil roulant) et publier un nouvel album, Presence en avril 1976. Ce disque contient notamment deux très longs titres

« Achille’s Last Stand » et « Tea For One », qui laissent la part belle aux long solos de Jimmy Page, omniprésent sur le disque. Le disque est bouclé en deux semaines, Page seul (ou quasiment) aux commandes, les autres étant clairement en retrait dans les compositions. L’album est beaucoup moins éclectique que les précédents et n’a pas l’étincelle qui faisait la magie des enregistrements passés.
Le titre « Nobody’s Faults But Mine » sort du lot, de facture très Led Zep. Ce titre évoque de manière très claire l’accident de Robert Plant : il assume tout, car tout est uniquement de sa faute. Excellent solo d’harmonica lorsque la machine s’emballe. Meilleur morceau de ce disque qu’on retrouve dans toutes les compilations.
 
La même année sortent l’album et le film live The Song Remains The Same qui commémore la tournée de 1973, avec des extraits des concerts joués au Madison Square Garden de New York. Le film alterne morceaux joués en concert avec scènes de fiction interprétées par les membres du groupe et leur manager Peter Grant (le 6ème Led Zep). Il montre toute la puissance du groupe sur scène. C’est clair, à l’époque il y a Led Zep et le reste du monde.
 



En 1977, pour répondre à la meute hard rock qui a pointé le nez entre temps (AC/DC, KISS, Judas Priest) et au mouvement punk (Clash, Sex Pistols et autres Ramones) qui veulent déboulonner toutes les anciennes stars, Led Zep repart au charbon en sillonnant les routes au cours de leur plus longue tournée américaine. Ils veulent démontrer qu’ils sont toujours au sommet. En pleine tournée, un drame terrible vient à nouveau frapper Robert Plant, son fils Karac âgé de 5 ans meurt d’une maladie foudroyante. C’est la fin de la tournée et une période dramatique pour le groupe qui se met en veille pendant presque deux ans.
En 1979, ils annoncent leur retour sur scène à Knebworth, en deux concerts seulement ils
rassemblent près de 400.000 spectateurs, pour ce qui reste encore aujourd’hui comme le record d’affluence du festival britannique.

 
Chant du cygne
Août 1979, parution du dernier album enregistré avec les quatre membres originaux du groupe : In Through The Outdoor marque très nettement le repli de Jimmy Page, à l’époque totalement accro à l’héroïne, John Paul Jones prenant le lead sur les compositions. Ce disque bien qu’étant encore une
fois un carton phénoménal (mais quel disque de Led Zep ne fût pas un carton ?) montre que la fin n’est pas loin. Certains titres ne sont pas mauvais mais pas fantastiques non plus, et l’ambiance générale de l'album laisse entendre que la flamme n’est plus là. Certains morceaux laissent même pantois, comme « Fool In The Rain » et son ambiance de carnaval caribéen ou le titre rockabilly « Hot Dog ». Visiblement Jones s’éclate, mais pas nous ! Le pire à venir est assurément le calamiteux « Carouselambra » qui dégueule de synthés écoeurants, Page est noyé dans la mélasse, et ça dure quand même dix minutes ! Une véritable épreuve pour tous les fans. Abominable !
 
Un hommage émouvant à Karac ne sauve pas l’ensemble et pour terminer ce disque de trop, Plant chante « I’m Gonna Crawl ». Evident qu’il est déjà à terre.
Le 25 septembre 1980, un dernier drame sera fatal au groupe. Bonham prend une cuite monumentale et meurt étouffé dans son sommeil (comme Jimi Hendrix). Après avoir hésité à poursuivre avec un autre batteur, les trois membres survivants se rendent vite à l’évidence. Sans John Bonham, l’alchimie est envolée et le groupe n’a plus de raison d’être. Ils annoncent officiellement la mort du groupe en décembre 1980.


Carrières solo
Rapidement chacun se lance, à son rythme, selon ses envies et avec plus ou moins de bonheur dans un parcours solitaire ou avec d’autres artistes, la liste des disques et contributions est trop longue pour vous la livrer ici en exhaustivité. Mais en 1994 sonnent les retrouvailles en studio pour Page et Plant qui produisent le superbe No Quarter Unledded qui revisite une partie de leur
répertoire, avec, entre autres « Kashmir », « No Quarter », « Gallows Pole », « The Battle of Evermore », et 4 nouvelles compositions (aux sonorités arabes), les premières depuis la fin de Led Zeppelin. Le disque est enregistré en studio et en live avec des musiciens marocains et des invités de marque comme Porl Thompson, guitariste historique du groupe The Cure.


Comme à la plus belle époque ce disque va rencontrer un grand succès. Page et Plant enregistrent quatre ans plus tard le très beau Walking Into Clarksdale avec Charlie Jones (gendre de Robert Plant) à la basse et Michael Lee à la batterie. Ce disque qui résonne comme une réminiscence de Led Zeppelin est une vraie réussite.
Robert Plant avec une autre formation (The Strange Sensation) a enregistré également plusieurs enregistrements de grande qualité : Dreamland et Mighty Rearranger  hautement recommandables.
John Paul Jones, pas en reste, a quant à lui enregistré une bombe avec l’album éponyme du supergroupe Them Crooked Vultures. Groupe composé (excusez du peu) de Josh Homme (chanteur/guitariste de QOTSA) et Dave Grohl (chanteur/guitariste de Foo Fighters et ex-batteur de Nirvana).


Le Phoenix
Après des années de rumeurs de reformation jamais réalisée, le miracle se produit en 2007, à l’occasion d’un concert tout à fait exceptionnel en hommage à Ahmet Ertegun ancien directeur de la maison de disques Atlantic qui a produit les cinq premiers albums de Led Zeppelin. Pour un concert unique qui n’a pas débouché sur une tournée, Led Zeppelin est remonté sur scène pour le bonheur de quelques milliers de fans en extase. Derrière les fûts ce jour-là officiait Jason Bonham. En digne héritier du batteur historique, il a offert une prestation juste énorme comme aux plus belles heures du groupe, lorsque son père officiait à la batterie. Même si Page n’a plus les doigts aussi agiles qu’autrefois, l’ensemble était bien entendu jouissif, Plant hurlant comme un loup et John Paul Jones toujours aussi classe. Cette prestation a été filmée et enregistrée, les ventes ont été tout à fait exceptionnels comme durant toute la carrière de ce groupe légendaire.
Allez, je vous laisse, je vais me remettre Dancing Days, ça ira bien comme bande son pour le 31. Bonne année pleine de zique à tous, et, à la lecture régulière de ce blog, on est rassuré et convaincu, le rock n’est pas mort !
 
El padre

 

Led Zep en 15 titres (sans les tubes, ou presque)



30/12/2013
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