Brain damage dub sessions - What you gonna do ? (Jarring FX)
Tracklist :
1/ What you gonna do ft. Zeb McQueen
2/ We a di danger ft. Learoy Green
3/ Radical plan ft. Brother Culture
4/ Royal salute ft. Sir Jean
5/ The armies of darkness ft. Madu Messenger
6/ No solution ft. M Parvez aka The Dub Factory
7/ What you gonna do version
8/ We a di danger version
9/ Royal salute version
10/ The armies of darkness version
11/ Radical plan version
12/ No solution version
13/ Tanx for life ft. Sir Jean
Pour ceux qui ne connaissent pas, Brain damage est un groupe de dub français formé en 1999. Attends, attends, pas si vite... "Dub", kézako ? Initialement, il s'agit de versions instrumentales de reggae dans lesquelles la basse et la batterie sont particulièrement mises en avant et auxquelles on ajoute souvent de petits bruitages qui claquent, le tout en forçant méchamment sur les reverbs. En Jamaïque, le genre fut popularisé au début des années 70 par King Tubby (considéré comme son inventeur), Lee "Scratch" Perry (dont je vous ai parlé récemment) ou Augustus Pablo.
Le genre s'est peu à peu développé un peu partout dans le monde et on trouve des influences dub dans beaucoup d'autres genres. Les punks anglais notamment s'y sont fortement intéressés (les Clash, pour ne citer qu'eux, ont d'ailleurs signé quelques morceaux dub mémorables).
En France, le dub a connu une percée des plus intéressantes à la fin des années 90 sous l'impulsion de groupes comme High tone, Zenzile, Improvisators dub et autres... Brain damage ! Des groupes qui avaient la particularité, contrairement à leurs illustres prédécesseurs jamaïcains de jouer du dub "live" comprendre avec des instruments et ne plus s'appuyer uniquement sur des machines. Et qui faisaient mumuse à croiser le dub avec le rock (zenzile) ou à s'aventurer sur des terres électroniques expérimentales (high tone), souvent avec une réussite insolente.
Bon fini les cours d'histoire, place au présent. Brain damage maintenant ce n'est plus qu'un seul homme : Martin Nathan, le bassiste Raphaël Thalis qui formait le duo vient de quitter le groupe. La fin du binôme est loin d'être anodine puisqu'elle implique un changement de nom (brain damage dub sessions) ; et surtout une vraie évolution du son du groupe.
Car Brain damage avait tendance ces derniers temps à lorgner vers des sonorités très sombres et froides (ce qui n'est pas forcément péjoratif, il n'y a qu'à écouter l'exceptionnel morceau Cube dub pour s'en convaincre). Là, fini la déprime, place au soleil. Martin Nathan s'est entouré de nombreux invités aux chants pour égayer ses compos (parmi eux les excellents Brother Culture, Sir Jean ou Madu the messenger) et c'est vrai que ça change.
Le principe est simple et classique en dub : six morceaux chantés suivis des six "versions". Certains titres sont de vraies tueries comme peuvent les produire les meilleurs sound system anglo-jamaïcains. "What you gonna do ?" et sa basse gargantuesque, ses sonorités métalliques et le refrain bigrement efficace de Zeb McQueen. "Royal salute" chanté par l'incomparable Sir Jean (de Meï Teï Sho) à la grosse voix éraillée qui fait peur aux enfants vous donnera le sentiment d'avoir enquillé 8 canettes de redbull tant elle est stimulante.
Mention spéciale également à "we a di danger". Martin Nathan a vraiment décidé de revenir à du dub roots à l'ancienne. Bien lui en a pris.
Les versions dub, moins faciles d'accès, sont très travaillées et nécessitent plusieurs écoutes pour être appréciées à leur juste valeur. Des cuivres apparaissent sur "what you gonna do ?" (et toujours cette basse...) et certains titres comme "radical plan" prennent une tout autre dimension. Des versions qui devraient mettre le feu aux dancefloors. Et comme une cerise sur un gâteau déjà bien garni, Brain damage nous offre un très beau morceau accoustique chanté par Sir Jean ("Tanx for life")
Mission accomplie donc pour Martin Nathan qui a su revenir aux fondamentaux du dub et maintenir brillamment le navire Brain Damage à flot. Bonne nouvelle donc, on peut toujours compter sur Brain damage et son label référence Jarring effects pour montrer la voie à la scène dub française.
JL