Mark Lanegan band – Blues funeral (4AD)
Tracklist :
1/ The Gravedigger’s Song
2/ Bleeding Muddy Water
3/ Grey Goes Black
4/ St Louis Elegy
5/ Riot In My House
6/ Ode To Sad Disco
7/ Phantasmagoria Blues
8/ Quiver Syndrome
9/ Harborview Hospital
10/ Leviathan
11/ Deep Black Vanishing Train
12/ Tiny Grain Of Truth
Huit ans ! Huit longues années que l'on attendait le nouvel album solo de sieur Lanegan.
Après une collaboration réussie sur trois albums avec Isobel Campbell et l'excellent side-project The gutter twins avec Greg Dulli des Afghan wings, on craignait que l'ancien leader des Screaming Trees ne daigne poursuivre son effort solo au détriment de collaborations certes enthousiasmantes mais, forcément, moins personnelles.
Pour soigner son retour, il a su bien s'entourer avec à ses côtés le multi-instrumentiste et producteur Alain Johannes (Queens of the stone Age, them crooked vultures, Arctic monkeys) et Jack Irons à la batterie (qui a joué notamment pour les red hot et Pearl Jam à leurs débuts, excusez du peu).
C'est donc avec joie et un peu d'appréhension que je me suis lancé à l'écoute de ce Blues funeral, son septième opus.
Si la pochette n'aurait pas déplu à ma grand-mère, pas sûr que cette dernière aurait apprécié le titre d'ouverture. The gravedigger's song, qui porte bien son nom, donne le ton d'emblée. Le duo basse-batterie déblaie tout sur son passage à un rythme effréné, la guitare prend aux tripes, et Lanegan vient y poser sa voix d'outre-tombe se permettant même un refrain en français (« Tout est noir mon amour. Tout est blanc. Je t'aime mon amour. Comme j'aime la nuit. »).
Le tout s'accomode à merveille, on en redemande. Et déjà un premier enseignement : le bon vieux Mark est de retour, plus ténébreux que jamais, et il n'est pas là pour nous conter fleurette.
Le tempo redescend sur « bleeding muddy water », superbe ballade envoûtante. On atteint le sommet de l'album avec le sublime « gray goes black », où le vieux crooner chante mieux que jamais et nous emporte littéralement, bercés que nous sommes également par ces accords de guitare beaux à en pleurer.
Souvent comparé à Tom Waits, Lanegan prouve (à ceux qui en doutaient ou qui ne connaissent pas bien le parcours du bonhomme) qu'il n'est pas seulement un grand songwriter maîtrisant à merveille cette atmosphère sombre et nostalgique dont il raffole (« St Louis elegy »). Il sait aussi envoyer la sauce comme lors de ses retrouvailles avec Josh Homme (inspiré à la gratte sur « riot in my house »). Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Le bougre s'essaie aussi à la disco, et avec réussite (le très dansant « ode to sad disco »).
On arrive à la moitié de l'album et un constat s'impose, déjà, comme une évidence : on tient là un grand disque. La suite ne nous fera pas mentir. Que ce soit autour de titres planants (« phantasmagoria blues », « leviathan » et ses accords lancinants, le merveilleux « harborview hospital » et ses faux-airs de U2 à ses plus grandes heures) ou d'autres plus enlevés (le barré « quiver syndrome » et ses bruitages de jeux vidéos), Mark Lanegan fait mouche.
Le rescapé du grunge signe là un disque remarquable, un des albums marquants de l'année à n'en pas douter. On espère que le prochain ne sera pas dans huit ans mais s'il recèle d'autant de perles, ça peut valoir le coup de patienter.
JL